1 mars 2011

REMANIEMENT MINISTÉRIEL (Acte 2) - Les repris de justesse

C'est la dernière ligne (d'extrême) droite avant les présidentielles de 2012 et Little Goulash a dû, à nouveau, escamoté les gêneurs, les nuisibles, pour redonner un semblant de sérieux à son équipe de bras cassés. Il a donc dépêché ses plus fins limiers (voir photo ci-contre) pour trouver de nouvelles recrues susceptibles de redorer le blason de son gouverne-ment. Et force est de constater que ses chasseurs de têtes ont fait de bien belles prises. Les "nouveaux" venus ont leur passé judiciaire derrière eux. Bref de vrais petits anges...

Surtout: Ne pas s'excuser!
François Fillon, MAM, même combat pour la décomplexitude. Michèle Alliot-Marie « n’a pas commis de faute. La décision que nous avons prise n’est pas une décision morale, c’est une décision politique », a indiqué François Fillon sur RTL. Figurez-vous que « la voix de Michèle Alliot-Marie n’était plus audible car elle faisait l’objet d’une campagne injuste », à l’encontre d’une "femme intègre", dont "le président de la République et moi-même nous aurions préféré ne pas nous séparer". Des propos qui font écho à ceux contenus dans la "lettre de démission" de MAM :
"Depuis quelques semaines, je suis la cible d’attaques politiques puis médiatiques, véhiculant, pour créer la suspicion, contre-vérités et amalgames. J’y ai répondu point par point pour rétablir la vérité". Elle évoque un peu plus loin une "cabale" et affirme avoir "le sentiment de n’avoir commis aucun manquement". Totalement décomplexée, Michèle Alliot-Marie est persuadée d’être dans son bon droit, de n’avoir commis aucune faute. Il est donc normal de voyager aux frais d’un ami d’un dictateur, il est donc normal que ses parents âgés de 95 ans achètent une SCI qui va probablement se retrouver dans son héritage (moins d’impôts : voir le Canard Enchaîné de cette semaine).

Quant aux propos de François Fillon, ils sont dans la ligne droite (dure) décomplexée de celle suivie par le président de la république depuis le début de son mandat : n’ayons plus honte d’être nous mêmes, nous sommes la droite décomplexée. D’ailleurs, le premier ministre lui-même n’a-t-il pas voyagé aux frais d’Hosni Moubarak lors de ses dernières vacances en Egypte, alors qu’il avait à sa disposition un Falcon du gouvernement ?
Et justement, puisque l’on parle de Falcon… France Soir révèle que François Fillon l’utilise toutes les semaines pour rentrer dans la Sarthe. Du coup, le voyage de 255 kilomètres revient à 27.000 euros. L’utilisation de l’avion de la République ne raccourcit même pas son temps de voyage, un TGV ou une voiture pouvant être utilisés pour la même durée de parcours.
Le 3 février dernier, le Décret n° 2011-141 du 3 février 2011 relatif aux conditions de prise en charge des frais de déplacement des membres du Gouvernement imposait aux membres du gouvernement de se déplacer en train lorsque celui-ci permet de parcourir le trajet en moins de deux heures. Ce qui est le cas.
Nul n’est censé ignorer la loi, toussa, toussa.
Sauf les décomplexés. (Source  : refletsinfo / by kitetoa)

JUPPÉ Alain... Ma cabane (ou cavale) au Canada !
L’ex-Premier ministre retrouve un poste où il s’est distingué de 1993 à 1995. Il renoue avec des Affaires pas si étrangères...
C’était le 18 janvier à l’Assemblée. La veille avait eu lieu l’enterrement des deux jeunes Français tués après leur enlèvement au Niger.Yves Durand, député socialiste du Nord, pose au Premier ministre une question d’actualité. Alain Juppé se lève dans un hémicycle subitement silencieux et répond. Le ministre de la Défense commence par dire qu’il comprend "l’indignation des familles" et "la révolte de leurs amis qui [lui] ont demandé de démissionner". Puis il raconte les faits, l’état de l’enquête, revient sur le processus de décision qui a conduit dans la nuit du 7 au 8 janvier à lancer une opération militaire contre les ravisseurs. "Le président de la République a pris cette décision en accord avec le Premier ministre et avec moi-même. Nous avons, je crois, fait notre devoir", conclut-il. Les députés applaudissent, y compris sur les bancs socialistes. "C’est le seul à tenir un discours d’homme d’État", reconnaît, bluffé, un élu d’opposition à la sortie de l’Assemblée. 

VicePremierministre.
En faisant hier appel à Juppé pour le ministère des Affaires étrangères, Nicolas Sarkozy conforte l’ancien chef du gouvernement dans ce rôle de vice-Premier ministre qui était déjà plus ou moins le sien depuis son retour au gouvernement, le 14 novembre. A 65 ans, celui dont Jacques Chirac a dit "il est le meilleur d’entre nous" retrouve un poste qu’il avait occupé de 1993 à 1995, avant d’être appelé à Matignon. Et où il a laissé de bons souvenirs. Le premier passage de Juppé au Quai d’Orsay se situait en période de cohabitation. Après la débâcle électorale de la gauche aux législatives de 1993, François Mitterrand appelle au gouvernement Édouard Balladur. Le ministre des Affaires étrangères a alors deux patrons: le Premier ministre et le chef de l’État. Entre un Président malade, et un chef de gouvernement de plus enplus accaparé par la présidentielle de 1995, Juppé s’affirme comme le vrai chef du Quai d’Orsay. A son actif, la préparation des accords de Dayton de décembre 1995, qui mirent fin aux combats inter-ethniques en Bosnie-Herzégovine. La diplomatie française y joua un rôle essentiel. Sérieuse ombre au tableau durant cette période: l’impuissance française à empêcher le génocide rwandais de 1994. L’état de grâce qui suit sa nomination en mai 1995 comme Premier ministre par Jacques Chirac sera de courte durée. Les manifestations de décembre 1995 l’obligent à renoncer à réformer les retraites. Le chômage atteint un niveau record. Quand, en 1997, Chirac décide de dissoudre l’Assemblée, les législatives tournent à la débâcle, ouvrant une nouvelle cohabitation avec, cette fois, un président de droite et un chef de gouvernement de gauche. 
En 1998, Juppé est rattrapé par les affaires de financement occulte du RPR, dont il fut secrétaire général, puis président, de 1988 à 1997. Les emplois fictifs de la mairie de Paris lui vaudront, en janvier 2004, d’être condamné à dix-huitmois d’emprisonnement avec sursis et dix ans d’inéligibilité, peine ramenée en appel à un an d’inéligibilité en décembre 2004. 

Désert.
Contraint d’abandonner ses mandats, il part enseigner au Canada, à l’université de Montréal. Cette traversée du désert va durer près de deux ans. Il retrouve la mairie de Bordeaux en octobre 2006, à l’occasion d’une élection partielle remportée haut la main. Il publie un livre, France, mon pays: lettres d’un voyageur, où il se présente comme un homme assagi, toujours "droit dans ses bottes", mais "moins pressé". En 2007, il soutient loyalement, mais sans enthousiasme, Sarkozy, qui lui confie un grand ministère de l’Écologie et du Développement durable. Mais, battu en juin aux législatives, Juppé retourne à la mairie de Bordeaux, où il est réélu en 2008. Sur son blog (al1jup.com), qu’il a créé fin 2004, il distille commentaires et réflexions, toujours loyal mais n’hésitant pas à se montrer sévère avec certaines mesures comme la réforme territoriale et la taxe professionnelle. Raison de plus pour que Sarkozy lui demande à l’automne 2010 de revenir au gouvernement. C’est chose faite le 14 novembre, avec rang de numéro 2. Et maintenant de numéro 1 bis. (Source : Libé. du 28.02.2011 / François Wenz-Dumas)

Patrick OLLIER épargné !
Bien qu’il ait partagé les vacances tunisiennes de Michèle Alliot Marie à Noël et qu’il ait joué un rôle important dans le rapprochement Sarkozy Kadhafi en 2007, Patrick Ollier conserve le portefeuille de ministre des Relations avec le Parlement. Interrogé samedi, le compagnon de MAM expliquait qu’il pourrait la suivre si elle était contrainte à la démission. "C’est sans doute une boutade. En tout cas une jolie preuve d’amour", a réagi l’ex-ministre, qui avait reçu vendredi soir dans une lettre ouverte le soutien de 45 parlementaires UMP. Comme c'est touchant, j'en ai déjà la morve au nez...


Gérard Longuet, du brut à la Défense
Le très droitier patron des sénateurs UMP tient enfin son retour au gouvernement.
Il y a trois mois, on lui avait cloué la porte au nez. Archi sûr de faire partie en novembre du nouveau gouvernement Fillon, Gérard Longuet avait appris, vingt-deux minutes avant l’annonce du remaniement, qu’il n’avait pas le bon ticket d’entrée. Alliot-Marie crashée, Juppé au Quai d’Orsay, Longuet récupère la Défense, seize ans après avoir quitté l’Industrie pour cause de mise en examen relative au financement de son ancien Parti républicain.
Double revanche.
Furieux d’avoir été privé de gouvernement, le chef des sénateurs UMP avait envoyé, cinq jours après le remaniement, une lettre cinglante aux élus de son département de la Meuse : "Il ne faut pas non plus être amnésique lorsque la parole n’a pas été tenue et que les formes n’ont pas été à leur minimum respectées." Cette fois-ci, la chute de MAM permet à l’ancien leader étudiant d’extrême droite et fondateur d’Occident, d’achever, à 65 ans, un retour en grâce national. Issu de la branche libérale de la droite, considéré comme le meilleur de sa génération, on promettait à Gérard Longuet un poste de Premier ministre en cas de victoire d’Édouard Balladur en 1995.

Sa mise en examen et la défaite de l’ancien Premier ministre ont torpillé sa carrière.
En 2001, il fait un premier retour comme sénateur de la Meuse avant de prendre la tête du groupe UMP. Après quinze ans de purgatoire judiciaire, un non-lieu définitif le libère en mars 2010 et lui permet de viser plus haut. "Poids lourd" du gouvernement, le choix de Longuet peut aussi s’avérer risqué pour Sarkozy. Car le nouveau responsable des armées n’est pas à l’abri de propos bien droitiers mal contrôlés. En mars 2010, ce grand lecteur de Barrès, Drieu la Rochelle ou Brasillach, critique une éventuelle nomination du socialiste Malek Boutih à la tête de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde): "Il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l’accueil de tous nos compatriotes." Tollé. Il s’excuse pour cette "expression maladroite". Récemment, lorsque le patron des députés UMP, Christian Jacob, a estimé que Dominique Strauss-Kahnn’est pas "l’image de la France", "la France des terroirs ",Gérard Longuet a jugé l’expression inoffensive dans la bouche de son collègue. Tout en concevant que, dans la sienne, la polémique aurait été tout autre. (Source: Libé. / Lilian Alemagna)

Complément d'information sur le (triste) sire Gérard Longuet
Co-fondateur du groupe "Occident" avec Alain Madelin. À la dissolution d’Occident en 1968, Gérard Longuet crée le GUD, mouvement étudiant d’extrême droite radical né à la faculté de droit Assas. Il est aussi actionnaire d’une société spécialisée dans les coups politiques anticommunistes et anti-socialistes. En 1993, il est nommé ministre des Postes et télécommunications. Mais, mis en cause dans le financement de sa villa à Saint-Tropez et dans celui du Parti républicain, il démissionne en octobre 1994. Impliqué dans plusieurs "affaires", dont celle des marchés publics d’Ile-de-France, il est relaxé contre l’avis du parquet (!!!!!!).
Voici les débuts de Gérard Longuet (ça explique ses attaques contre Malek Boutih) :

"Après une scolarité passée au lycée Henri-IV de Paris, il entame des études de droit et de lettres. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris en 1966, il obtient un diplôme d’études supérieures (DES) de sciences politiques en 1968.
En 1964, il prend part, en compagnie d’Alain Madelin, à la création du mouvement Occident, organisation de militants d’extrême droite souvent impliqués dans des affrontements violents contre l’extrême gauche.
En 1967, soupçonné en sa qualité de dirigeant du mouvement d’avoir été co-instigateur d’une expédition violente menée par Occident contre des étudiants d’extrême gauche à l’université de Rouen (l’un de ces derniers étant laissé dans le coma après l’attaque), il est inculpé et incarcéré.
Gérard Longuet est condamné le 12 juillet 1967 à 1 000 francs d’amende pour complicité de « violence et voies de fait avec armes et préméditation », en même temps que douze autres militants d’extrême droite, dont Alain Madelin et Patrick Devedjian.
De cet engagement, il dit : « J’assume avoir été d’extrême droite. On s’est simplement trompés sur le modèle colonial, qui ne pouvait perdurer. »
Il entre à l’École nationale d’administration (ENA) en 1971 et en sort en 1973 (promotion François Rabelais).
Entre temps, en 1972, il rédige le premier programme économique du Front national, créé la même année.

Le chassé-croisé de Claude Guéant et de Brice Hortefeux. Le premier quitte l’Élysée et récupère le portefeuille du second, qui devient conseiller spécial du Président.
Un secrétaire général de l’Élysée qui devient ministre, la trajectoire est classique. Après neuf années passées aux côtés de son mentor, Claude Guéant prend en charge l’Intérieur. Un ministre qui rentre à l’Élysée, c’est plus inédit. Même si rien n’était officiel hier, Brice Hortefeux quitte le gouvernement pour devenir conseiller spécial du Président, un poste équivalent à celui qu’occupait Jérôme Monod auprès de Jacques Chirac. "Ses responsabilités seront précisées dans les semaines à venir", indiquait hier l’Élysée. Une rétrogradation pour cause de condamnations judiciaires à répétition, mais pas une sanction: Hortefeux devrait se rapprocher physiquement du Président.
L’hypothèse d’un chassé croisé avait déjà circulé lors du précédent remaniement. On parlait de Brice Hortefeux comme secrétaire général. Mais Nicolas Sarkozy avait alors choisi de garder Guéant auprès de lui, et il n’avait pas voulu donner l’impression de sanctionner son "ami Brice". Cette fois-ci, la situation d’urgence créée par la nécessité de remplacer Michèle Alliot-Marie l’a décidé à effectuer cet échange. Avant d’accepter les Affaires étrangères, Alain Juppé avait en effet demandé à ne pas subir l’influence de l’omniprésent secrétaire général de l’Elysée, ministre des Affaires étrangères bis depuis le début du quinquennat.
Guéant à l’Intérieur, c’est un véritable retour aux sources.

Cet ancien préfet, passé par la direction de la police nationale dans les années 90, a occupé le poste de directeur de cabinet de Sarkozy Place Beauvau, de 2002 à 2004 et de 2005 à 2007. "Il connaît tous les rouages et a occupé tous les postes de responsabilité dans ce ministère", a déclaré hier soir le chef de l’État. Lors du précédent quinquennat, Guéant s’était illustré par une réforme de grande ampleur de la profession policière. Cette fois-ci, il se verrait chargé d’une mission chère à Sarkozy : porter le discours gouvernemental en matière de sécurité et d’immigration.
Quant à Hortefeux, son nouveau rôle devrait lui rappeler des souvenirs: des années 70 au début des années 2000, il était le bras droit de Sarkozy. Ce retour dans l’ombre est la conséquence de ses dérapages verbaux et de ses condamnations pour injure raciale et atteinte à la présomption d’innocence.
Deux procédures dans lesquelles il a fait appel. A l’Élysée, il ne sera plus en première ligne et pourra se consacrer à plein temps à la préparation de la campagne électorale de 2012. (Source: Libé / Nicolas Cori)

Autre Source: bellaciao




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