29 déc. 2010

RED NOISE : Dans la famille Vian, je voudrais le fils... En Mai68 !

Voici un ovni musical, un album dont j'ignorais jusqu'à l'existence il y a encore quelques semaines. Il faut dire que non seulement je ne m'étais pas posé de questions sur une possible descendance de Boris Vian, mais en plus je datais plutôt la naissance du rock français radical et novateur vers la fin des années 70 avec des groupes comme Métal Urbain issus de la scène punk rock ou encore les incontournables Little Bob Story, Téléphone ou Bijou. Quelle erreur ! J'étais passé à côté des beatniks et autres hippies hexagonaux qui travaillèrent dans l'ombre à dynamiter les normes musicales en plein mai68. Parmi les trublions qui se produisaient, entre autres, à la Sorbone, il y avait les Red Noise de Patrick Vian.



Un article de Progmonster sur le site gutsofdarkness : "Selon l'âge respectif et respectable de ceux qui nous lisent, il est une question dont la réponse demeure une inconnue : connaîtrons nous un jour à nouveau un vent de révolution, ou en tout cas une brise contestataire, à même de nous faire croire, ne fût-ce qu'au cours d'un bref instant, à un changement en profondeur de la logique mécanique de nos sociétés à broyer de l'humain ? Pourrons nous derechef nous enivrer de ce regain de liberté illusoire, et par-là même nous adonner à des comportements aussi débridés qu'inavouables ? Mai 68 n'inspire pas le respect au regard de ce qu'il en est advenu, mais l'étincelle qu'elle a produite alimente encore et toujours une certaine forme de jalousie passive auprès de ceux qui auraient tant aimé pouvoir partager ce sentiment foncièrement frondeur, celui-là même qui est singé par des pseudos provocateurs de bazar, pieds et poings liés au star système, et qui en ternissent l'impact par tant d'ignorance et de banalisation. Tout cela nous éloigne de nos préoccupations musicales ? Pas du tout. Red Noise, groupuscule délirant activé par Patrick Vian, fils d'un non moins célèbre autre Vian, exemplifie à merveille ce souffle chaud et bestial de la bête enfin débarassée de ces chaînes virtuelles. Constitué de petites plages cocasses aux relans mi-prog mi-jazz, le tout est entrecoupé par des interventions grotesques, irrévérencieuses, avec un fameux bagout pour tout ce qui est scatologique. Bein oui ; une bande de sales gamins qui tendent un majeur, fier et bien dressé, à la face de tout ordre convenu et préétabli. En dehors de cette tendance pipi caca qui semble désuette aujourd'hui, Red Noise lâche le gros morceau en toute fin d'album avec son titre fleuve, un délire psyché de haute facture où saxophone, guitare, basse, batterie, flûte et orgue se battent jusqu'à ce qu'il y ait mort d'homme. Les groupes allemands tels que Can ou Guru Guru auraient pu trouver en Red Noise un sérieux concurrent si celui-ci avait perduré. Il ne reste d'eux que ce "Sarcelles-Lochères", un souvenir intense, aussi radical qu'imprévisible, à l'image du terreau qui l'a vu naître."   

"Climax de la contestation généralisée, Mai 68 fait vaciller les instances politiques françaises et remet en question l’ordre social hérité du passé. Paradoxalement, la chanson française, la « variété », maintient son écrasante domination médiatique. Cette chape de plomb ne laisse que peu de place au développement d’un rock français qui ne soit pas calqué sur les modèles anglo-saxons. Autant par nécessité que par choix, l’expérimentation musicale en France prend le maquis, entre en résistance. Des groupes s’inspirent du rock psychédélique, de la tradition de la chanson française ou encore du free jazz. Tous affichent des pratiques fortement revendicatives, libertaires, expérimentales. Ils répondent aux doux noms de Red Noise, Barricade, Komintern, Crium Delirium, Maajun, Lard Free, Camizole, Etron Fou Leloublan… Ils ne se résignent pas aux contraintes d’un système capitaliste qui n’aura finalement pas été renversé. Beaucoup refuseront même d’enregistrer des disques pour ne pas se fourvoyer. Leurs musiques sont « bizarres » et déroutantes, pas vraiment « rock », se soustrayant à toutes tentatives d’étiquetage et de mise en boîte." L'UNDERGROUND MUSICAL EN FRANCE (éditions le mot et le reste, 2008)

Autres Sources : anotherworldofsound neospheres

Émission La Grande Table sur France Culture sur l'histoire du rock en france 
(Invités : Little Bob & Philippe Manœuvre - Déc.2010)


RED NOISE - Sarcelles-Lochères
    * 1/ Cosmic, Toilet Ditty (0:39)
    * 2/ Caka Slow / Vertebrate Twist (4:20)
    * 3/ Obsession Sexuelle n°1 (0:28)
    * 4/ Galactic Sewer Song (4:03)
    * 5/ Obsession Sexuelle n°2 (0:12)
    * 6/ Red Noise Live au Café des Sports (2:07)
    * 7/ Existential Import of the Screw Driver Eternity Twist (2:02)
    * 8/ 20 Mirror Mozarts Composing on Tea Bag and 1/2 Cup Bra (2:28
    * 9/ Red Noise en direct du Buffet de la Gare 2ème partie (2:14)
    * 10/ A la Mémoire du Rockeur Inconnu (0:39)
    * 11/ Petit Précis d'Instruction Civique (0:35)
    * 12/ Sarcelles c'est l'Avenir (18:56)

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